1er Mai : une journée internationale née des revendications

Rédigé le 27/04/2021


Si la pandémie pèse cette année encore sur le 1er Mai, FO entend en faire toujours un moment particulier de revendications. Cette journée internationale 2021 coïncide avec les 150 ans de la Commune. Chaque année, des rassemblements ont lieu devant le Mur des Fédérés où 147 communards furent fusillés. C'était en mai 1871, quinze ans avant la grève, férocement réprimée, lancée le 1er mai 1886 par des ouvriers américains de Chicago en lutte pour la journée de travail de huit heures. Dès 1889, le 1er mai deviendra une journée internationale de revendications pour les travailleurs.

Dès 1884, les syndicats américains commencent à s'organiser et revendiquent la journée de 8 heures sans diminution de salaire.



LES PENDUS DE HAYMARKET

Le 1er mai 1886, 80 000 ouvriers se retrouvent dans les rues de Chicago. Le 3 mai, à la suite d'affrontements entre jaunes et grévistes devant les usines de matériel agricole Mc Cormick, la police tire. Bila, quatre morts et de nombreux blessés chez les grévistes. Les dirigeants syndicaux, August Spies et Albert Parsons appellent à un meeting de protestation pour le lendemain à 19h30 à Haymarket Square. Quelques milliers d'ouvriers s'y retrouvent pacifiquement. Près de 200 policiers arrivent sur les lieux pour disperser ce rassemblement. C'est alors qu'une bombe explose dans les rangs des policiers (7 morts, 66 blessés).

La bombe aurait été lancée par un agent provocateur à la solde du patronat de la viande. Aussitôt, huit dirigeants syndicaux sont arrêtés et passent en jugement, ils seront tous condamnés à mort, sauf un qui prendra quinze ans. Quatre de ces dirigeants syndicaux seront pendus, trois verront leur condamnation commuée en peine à perpétuité, un se suicidera en prison. Lors de la révision de leur procès en 1893, tous seront innocentés. A la fondation de l'AFL (fédération américaine du travail) en 1886, son président, Samuel Gompers (1850 - 1924), déclarera : "La bombe n'a pas seulement tué les policiers, elle a aussi tué notre mouvement pour les huit heures pour quelques années."

Le 1er mai va devenir le point de ralliement des travailleurs du monde entier pour la réduction du temps de travail sans diminution de salaire, mais aussi en souvenir des martyrs de Haymarket. C'est le 14 juillet 1889, lors du centenaire de la Révolution française, que l'internationale ouvrière décide de faire du 1er mai 1890 la journée de grève pour obtenir les 8 heures. (...) Et c'est le 1er mai 1891 que la foule est plus importante, venant des Bourses du travail, des syndicats professionnels, de travailleurs indépendants. (...)

DE L'EGLANTINE AU MUGUET



Si au 1er Mai, en 1890, les manifestants arborent à la boutonnière un petit triangle rouge en papier symbolisant la revendication des 8 heures de travail, 8 de sommeil et 8 de loisirs, il est remplacé deux ans plus tard par la fleur d'églantine, rappel de la période révolutionnaire. Fabre d'Eglantine avait proposé en 1793 dans son calendrier républicain une "journée du travail", Saint-Just décidera d'une "journée des travailleurs", fixée le 20 janvier (1er pluviôse). C'est aussi, un hommage rendu à Maria Blondeau, tuée en 1891 à Fourmies en tenant dans ses mains un bouquet d'aubépine, dont la fleur est proche de l'églantine. La police surveille alors les personnes qui portent à la boutonnière cette églantine, appelée "fleur socialiste". A partir du 1er Mai 1936, le muguet entrelacé d'un fin ruban rouge détrônera l'églantine, laquelle sera interdite de porte par la régime de Vichy en 1941.

CES SANGLANTS 1ER MAI



Les manifestations du 1er Mai n'ont pas toujours été des défilés bon enfant avec un brin de muguet à la boutonnière. Ils furent souvent sanglants, et ce, même récemment.

Le 1er mai 1891 va voir le sang couler, à Paris mais surtout à Fourmies, dans le Nord. A Paris, le préfet dispose la troupe place de la République et autour de la Tour Eiffel. A 9 heures une manifestation se déroule devant la Bourse du travail. A 15 heures, des échauffourées ont lieu place Clichy. Des coups de feu sont échangés entre manifestants et policiers. Un militant est blessé et d'autres sévèremment tabassés.

Mais c'est à Fourmies, ville ouvrière huit kilomètres de la frontière belge, qu'une véritable tragédie aura lieu ce jour-là. Les piquets de grève se mettent en place dès 5 heures du matin, les équipes déjà au travail rejoignent le mouvement. Dès 9 heurs, les gendarmes à cheval chargent les piquets devant la manufacture Sans Pareille. Le sous-préfet dispose aussi de la troupe. Vers 18 heures, deux cents jeunes manifestants et manifestantes se retrouvent place de l'église face à un détachement de soldats. Le commandant Chapus ordonne à ses hommes de tirer sur la foule désarmée. Cinq femmes et quatre hommes sont tués. Ils avaient entre 11 et 30 ans ! Trois jours plus tard, ils seront plus de 30 000, travailleurs des manufactures, des mines et des ateliers, à accompagner, drapeaux rouges au vent, les neufs martyrs jusqu'à leur dernière demeure.

A L'INTERNATIONAL, LA REPRESSION AUSSI



Le 1er mai 1929, le parti communiste allemand appelle à la manifestation, malgré l'interdiction. La police tire : 33 morts. Mais c'est à l'Etat turc que revient la palme des répressions sanglantes du 1er Mai. Dans l'Empire ottoman, des 1er mai sont organisés dès 1909 à Skopje et en 1910 à Istanbul.

Le 1er mai 1977, le puissant syndicat turc (DISK) appelle à un rassemblement sur la grande place Taksim à Istanbul. 500 000 manifestants sont présents. La police tire : 37 morts, 200 blessés. Au 1er mai 1989, au même endroit, un mort. Pour le 1er mai 1996, 150 000 manifestants se retrouvent à Kadiköy, là encore trois morts. 1er mai 2007 : un mort et 100 blessés place Taksim et encore 90 blessés lors du 1er mai 2014.


Voir l'information complète sur ce sujet sur l'InFO militante, article de Christophe Chiclet.